THRILLER
Michael Jackson et Quincy Jones
entrent en studio au mois d'août 1982 pour donner une suite à
"Off The Wall". Une chanson a déjà été enregistrée
quelques mois auparavant aevc Paul McCartney; elle s'intitule The Girl
Is Mine. Michael a écrit ce premier titre. Il en composera d'autres:
Wanna
Be Startin' Somethin', Beat It et Billie Jean. De son
côté, Quincy Jones sélectionne trois chansons parmi
les productions de Rod Temperton: Baby Be Mine, Thriller
et Lady In My Life. Il accepte également un superbe morceau
intitulé Human Nature et composé par Steve Porcaro
et John Bettis, membres du groupe Toto. Le sommaire de l'album est presque
complet, reste à ajouter PYT (Pretty Young Thing), une chason
que Quincy Jones écrira avec le chanteur James Ingram.
Michael baptise tout d'abord son
futur projet "Starlight", mais il abandonnera finalement ce titre,
lui préférant celui d'une chanson emblématique qu'il
enregistrera parmis les dernières: Thriller.
Moins de deux mois après être entrés en studio, Michael et Quincy Jones ont quasiment terminé l'enregistrement de "Thriller". Il leur reste à mixer tout l'album et à remettre les bandes à la maison de disques. Mais, alors qu'ils touchent au but, le temps manque. Relevant un défi impossible, Michael et Quincy ont accepté à la dernière minute de participer à la réalisation d'un projet que leur a soumis Steven Spielberg: produire un album pour enfants d'après le film E.T.... Michael, qui a adoré E.T., succombe à la tentation de revivre la magie du film. Bien que son emploi du temps ne le lui permette pas, il se rend disponible pour le projet de Steven Spielberg. Il doit maintenant réaliser deux albums au lieu d'un, et en un temps record. Les journées rétrécissent à vue d'oeil. On travaille du matin au soir et du soir au matin. Une équipe de jour et une équipe de nuit se relaient dans les studios. Michael semble poussé par une énergie surhumaine, il réussit chaque jour à retrouver l'entrain de l'ardeur nécessaire à ses prestations vocales. Il réalise pour le "E.T. Storybook" une performance d'acteur remarquable et y chante une magnifique que Rod Temperton a composée pour l'occasion: Someone in the Dark.
Dans des conditions difficiles, le projet de Steven Spielberg finit par voir le jour. Il est mené à terme dans les delais, mais un retard conséquent est reporté sur "Thriller". Les jours et nuits passés à travailler sans relâche dans les studios n'ont pas fait reculer la date de remise des bandes magnétiques de l'album. L'échéance ultime risque d'être dépassée. Une pression écrasante s'installe sur toute l'équipe, Michael ne l'a pas oubliée: "Quand une maison de disques vous presse pour que vous finissiez un album, ils ne plaisantent pas, ils vous pressent réellement. Et, pour "Thriller", il nous pressaient sec. Ils disaient que tout devait être prêt pour telle date, et il fallait le faire, quitte à y rester. Cette course contre la montre pour finir l'album fut terrible. On ne pouvait pas trop être exigeant pour le mixage de certaines chansons, le temps manquait. On en venait même à se demander si on allait garder telle ou telle chanson sur l'album. Nous avons arrondi tellement les angles que nous avons presque perdu tout l'album. Le jour où nous avons finalement écouté les morceaux que nous allions remettre à la maison de disques, j'ai trouvé l'ensemble tellement médiocre que les larmes me sont montées aux yeux. Nous avions subi une telle pression lorsque nous tentions de finir "Thriller", tout en enregistrant le "E.T. Storybook". Tous ces gens se bagarraient pour avoir la priorité sur les concurrents, et nous sommes arrivés à le triste conclusion que le mixage de "Thriller" était raté. Nous étions assis dans le studio Westlake d'Hollywood,noaus avons écouté tout l'album et je me suis senti terrassé. Tout la pression accumulée durant les derniers mois a surgi d'un coup. J'étais vraiment en colère colère et j'ai quitté la pièce. J'ai dit à mes collaborateurs : "J'ai pris ma décision, l'albume ne sort pas. Appelez CBS et dites-leur qu'ils n'auront pas l'album. Nous ne le sortons pas." J'ai dit cela parce que je savais que ça n'allait pas. Si nous n'avions pas interrompu le processus pour prendre du recul par rapport à ce que nous faisions, le disque aurait été atroce. Nous l'avaons compris à nos dépens : on peut massacrer un album au mixage. Parfois, il faut savoir prendre le temps. On ne peut peut pas presser certaines choses.
Les gens de la maison de disques
on un peu élevé la voix, il y a eu quelques cris, mais, finalement,
ils ont fait preuve d'intelligence et de compréhension. Ils sentaient
que ça n'allait pas, et il se trouve que c'est moi qui l'avais dit
le premier. En conclusion, j'ai réalisé qu'il me fallait
remixer l'album une nouvelle fois, du début à la fin... L'équipe
a pris quelques jours de repos, nous avons soufflé un bon coup,
pris tout le recul nécessaire. Ensuite nous y sommes retournés,
frais et dispos ; nous avons rincé nos oreilles, et nous avons commencé
par mixer deux chansons par semaine. Une fois l'album terminé -
boom !- ça nous a pris à la gorge! CBS aussi pouvait entendre
la différence. A présent, "Thriller" était un projet
en béton."
Quelques semaines après
la date prévue, les bandes magnétiques de "Thriller" sont
finalement remises à la maison de disques. La sortie de l'album
aura lieu avec un léger retard, le 1er décembre 1982.
Le premier extrait de "Thriller" est un duo que Michael chante avec Paul McCartney ; il sortit le 25 octobre, en avant-garde de l'album. Instantanément, le single fait sensation auprès des médias. On s'émerveille de voir un vétéran des années soixante en compagnie d'un jeune loup des années quatre-vingt. En l'espace de quelques semaines, The Girl Is Mine accède au Top 10 et grimpe jusqu'à la seconde place. C'est ainsi que "Thriller" ouvre le feu sur les charts américains. CBS Records, la maison de disques de Michael, se frotte les mains et commence à annoncer la sortie imminente du plat de résistance: l'album. Mais a la surprise générale, ce n'est pas "Thriller" qui arrive chez les disquaires américains à la fin du mois de novembre. A grand renfort publicitaire, MCA Records, une maison de disques rivale, sort "E.T. the Extraterrestrial Storybook", un album produit par Steven Spielberg et Quincy Jones avec Michael Jackson en vedette. La nouvelle provoque un tollé magistral chez CBS. Une plainte est déposée immédiatement. MCA vient de violer le contrat qui l'autorisait à diffuser un disque de Michael Jackson, et qui stipulait que rien ne devait entrer en concurrence avec la sortie de l'album "Thriler". Or, MCA est précisément en train de marcher sur les plates-bandes de CBS Records. Il n'en faut pas plsu expédier l'affaire devant la court suprême de New York et obtenir un jugement radical. Quelque semaines après la sortie de "E.T. Storybook", CBS gagne son procès contre MCA. Outre des dommages et intérêt substantiels, MCA est condamné à retirer de la vente tous les exemplaires du "Storybook" déjà diffusés.
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